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Raymond Gravel s’éteint doucement à l’âge de 61 ans

L’abbé Raymond Gravel est décédé lundi dernier, au Centre hospitalier régional de Lanaudière, à Joliette. Depuis son départ, les hommages se multiplient et l’un de nos professeurs honoraires a accepté, au nom de la Faculté de théologie et de sciences des religions, de joindre sa voix à tous ceux et celles qui sont touchés par son départ. Il brosse un portrait de l’un de nos diplômés les plus remarquables.

RAYMOND GRAVEL, 1952-2014

Je me permets de partager quelques réflexions, avec la famille de la Faculté, à l’occasion du départ de Raymond Gravel.

J’ai d’abord connu Raymond comme professeur – j’ai dirigé son mémoire de maîtrise en études bibliques [1] –, puis comme ami. La vie a eu la délicatesse de nous aménager quelques rencontres au fil des ans, et nous nous sommes toujours retrouvés avec plaisir.

Dans un contexte facultaire, notre dernier contact date de quelques années, alors que je l’avais invité à venir partager son expérience de prêtre-député au cours d’une rencontre du « Club des Sages » (regroupement de professeurs retraités de la Faculté). Comme toujours, il avait été très généreux de son temps et s’était montré lucide et engagé.

Je l’ai vu pour la dernière fois à Joliette, à la fin juin, alors qu’il sortait des soins palliatifs et s’activait à préparer ses funérailles. Il était tout à la fois joyeux, réfléchi, moqueur, serein, humain, vrai.

Raymond était un homme qui, au lieu de se durcir, s’est laissé attendrir par les grandes souffrances de sa jeunesse. Cette tendresse se voyait sur son visage souriant, s’entendait dans sa voix grave et ne le quittait jamais, même quand il avait des choses très dures à dire. C’est pourquoi les petites gens, en particulier, lui faisaient tellement confiance. Il était l’un des leurs, ils se reconnaissaient en lui, il ne les trahirait jamais.

C’était un homme de conviction, au parler franc. Il trouvait au fond de lui la boussole qui lui permettait de penser librement, de parler honnêtement et d’agir humainement.

Il n’avait ni rancune, ni rancœur. Il attaquait les idées, jamais les personnes. Il ne laissait pas ses prises de position l’éloigner de ceux ou celles qu’il visait. Quand ses adversaires étaient durs avec lui, il ne laissait pas la haine le détruire. Il avait toujours le sourire prêt à dire l’amitié.

C’était un homme de contact. Il aimait les gens. Il aimait les médias, les journalistes, la publicité, la controverse. Cela lui permettait de dire largement ce qu’il avait à dire.

C’était un homme d’Église, qui aimait passionnément l’Église. Il la voulait axée sur l’évangile, plutôt que centrée sur elle-même. Au service des humains, plutôt que fixée sur ses dogmes. Il croyait qu’elle pouvait changer, il espérait qu’il la verrait changer. En cela, il a été déçu.

Mais il ne l’a pas été sur l’essentiel, et l’essentiel, c’est l’homme qu’il est devenu. Il s’est fait devenir un superbe être humain. Et c’est là le changement de fond qu’il a provoqué, le seul qu’un être humain peut faire. Nul ne peut changer le monde ou l’Église. Mais chacune, chacun peut devenir une lumière dans les ténèbres, une chandelle dans la nuit, un peu de sel qui donne du goût à la fadeur de l’existence.

Merci, Raymond. À Dieu.

Source : André Myre, professeur honoraire

[1] Raymond Gravel a complété une maîtrise en études bibliques en 1998. Son mémoire est intitulé : « La conception de Jésus : recherche d’historicité dans les récits d’enfance matthéen et lucanien. »